Les écogestes sont aussi bénéfiques pour le réseau
En fonction de ses besoins, chaque foyer souscrit un contrat d’électricité qui lui permet à tout moment d’allumer une lumière, un four ou un ordinateur. « Or, si l’on additionne toutes les puissances souscrites par les consommateurs d’électricité, et si elles étaient toutes activées au même moment, on arriverait à un besoin qui représenterait bien plus que la capacité de production du parc électrique national !, souligne Maïté Jauréguy-Naudin. Tout l’enjeu consiste donc à faire en sorte de produire au bon moment et à chaque instant ce qui est nécessaire pour couvrir les besoins des français en tout point du territoire. Assurer cet équilibre est précisément la mission de RTE. Pour le faire, RTE s’appuie sur un réseau maillé sur tout le territoire et interconnecté à ses voisins européens. »!
La fausse bonne idée de l’autarcie énergétique
En théorie, bien sûr, rien n’empêche d’augmenter la puissance de notre parc électrique national, en installant beaucoup plus de centrales nucléaires, de barrages hydroélectriques ou d’éoliennes. À ceci près que cela coûterait affreusement cher, que cela consommerait inutilement des ressources et de l’espace et que les Français ne voient pas forcément d’un bon œil l’installation de ce type d’équipements à côté de chez eux. Une autre fausse bonne idée consisterait à penser qu’il suffirait que chaque famille dispose de panneaux photovoltaïques sur le toit de sa maison et/ou d’éoliennes dans son jardin, et ce pour plusieurs raisons. Un : en 2050, les 2/3 de la population mondiale vivront en ville, le plus souvent dans des immeubles où la place pour installer des éoliennes personnelles risque de manquer. On estime qu’en 2035, 4 millions de logements français déploieront de systèmes d’autoconsommation énergétique mais cette solution ne peut pas répondre à toutes les situations. Deux : les panneaux solaires produisent l’électricité pendant la journée, au moment où nous travaillons, et non le soir, quand nous pourrions l’utiliser pour nos besoins domestiques. A l’échelle individuelle, une possibilité serait de disposer de batteries également pour stocker cette énergie quand elle est produite et l’utiliser quand on en a besoin. Il faut bien regarder le bilan CO2 complet lié à la construction de tous ces moyens pour s’assurer que l’on répond bien à la lutte contre le changement climatique. Il n’y a pas de solution unique mais bien un ensemble d’initiatives complémentaires. Parmi elles, choisir de modérer notre consommation d’électricité et de la décaler quand nous le pouvons vers les heures creuses contribue à la transition énergétique.
Et si l’énergie que je produis était réutilisée par mon quartier ?
Hypothèse d’école : j’ai rechargé ma voiture sur mon lieu de travail pendant la journée. En arrivant chez moi, vers 19 heures, je la laisse se décharger sur le réseau, au moment du pic de consommation. Elle se rechargera de nouveau pendant la nuit afin que je puisse la réutiliser sans difficulté le lendemain matin.
La scène qui précède n’est encore qu’une fiction, mais elle a de quoi faire rêver et montre que tout en décarbonant le secteur des transports, l’électrification de la mobilité peut aussi être une opportunité pour le système électrique ! Tout le monde n’acceptera évidemment pas de voir son véhicule immobilisé plusieurs heures au profit de la collectivité. Logique : la première fonction d’une voiture est de permettre à son utilisateur de rouler. Toutefois, une partie de la population peut se laisser convaincre pour peu qu’on lui propose des solutions intelligentes et des tarifs adaptés, comme ce dispositif expérimenté aujourd’hui par Renault, la start-up Jedlix et RTE. Le principe est simple : une fois le contrat signé, vous branchez votre voiture en rentrant chez vous et permettez à Jedlix de la charger et de la décharger en rendant des services au réseau. Mais rassurez-vous : une jauge minimale est prévue pour que vous puissiez prendre le volant en cas de besoin.